Quelques péripéties

Ça fait maintenant plus de dix ans que je suis auto-hébergé, et globalement, tout se passait très bien. À part une petite coupure électrique de temps en temps, qui ne nécessitait même pas de redémarrage manuel puisque mon serveur est équipé d'une bonne batterie, tout allait bien, et ma machine était à peu près joignable chaque fois que j'en avais besoin.

Mais ça ne pouvait pas durer éternellement.


La canicule que nous avons connu début août s'est terminée, en tout cas chez ma mère (où se trouve présentement ledit serveur), par un orage assez costaud, et la foudre qui est tombée par là a apparemment fait pas mal de dégâts sur les équipements électroniques d'à peu près tout le quartier. Chez ma mère, en tout cas, plusieurs machines ont rendu l'âme, dont… la box.

Mon serveur, pour sa part, était apparemment indemne, mais sans rien pour le connecter au réseau, il n'était plus très utile. Il fallait donc réactiver le réseau pour le retrouver.


Il se trouve que ma mère a une ligne ADSL chez Free, derrière ce qui était un des derniers modèles de Freebox v5 encore en activité. L'orage ayant eu lieu dans la soirée, elle attend le lendemain pour appeler le service adapté, qui lui indique qu'ils vont renvoyer une nouvelle box. Deux jours passent, sans nouvelle. Elle rappelle. On l'informe que le paquet n'est pas parti, car ils n'ont plus de v5 à envoyer, et qu'elle va devoir utiliser une 4k à la place. Pourquoi a-t-elle eu besoin de téléphoner pour que cette décision soit prise ? Mystère.

Mais soit. L'ennui, c'est que le 15 août approche, suivi d'un dimanche : même si le paquet partait immédiatement, aucune chance que la boîte n'arrive avant la semaine prochaine. Or, une des activités principales de mon serveur est de recevoir les mails qu'on m'envoie : jusqu'à quatre jours, pas de souci, les mails arrivent plus tard que prévu, mais arrivent bien. À partir de cinq, en revanche, certains des serveurs d'envoi commencent à laisser tomber.


Ne souhaitant pas que l'absence totale de mails sur mon serveur se prolonge, je me dis qu'il va falloir trouver une solution de secours. Je contacte donc quelques camarades, et Turlux (merci à lui) me propose d'héberger une boîte mail temporaire. Je fais donc les réglages qui vont bien au niveau de mon DNS, chez gandi, pour que mon adresse pointe désormais chez lui, le temps que.

J'ai peut-être perdu quelques mails dans l'affaire, ayant un peu tardé à réagir, mais le principal est sauf : je vais continuer à les recevoir un moment.

Heureusement, car, pour la suite, il faut s'armer de patience.


En effet, la nouvelle Freebox, suite à plusieurs messages contradictoires de ses expéditeurs, n'est finalement arrivée que le lundi 31 août. Ça fait long, comme coupure.

Entre temps, nous avons bien cherché d'autres solutions. Notamment, une bonne partie des cartons d'un récent déménagement étant toujours chez ma mère, elle a pu retrouver dedans un vieux modem ADSL datant des premières expérimentations réalisées chez Illyse (d'ailleurs, Zorün, si tu me lis, je crois que c'est toi qui me l'avais passé… si tu veux le récupérer, fais signe).

Étant donné qu'il était théoriquement possible de remplacer une Freebox v5 par n'importe quel modem ADSL, nous avons tenté, pour voir… sans succès, même en suivant les instructions fournies sur le site de Free, il n'a jamais réussi à récupérer le réseau.


Il y avait aussi la solution de déplacer le serveur chez quelqu'un d'autre le temps de, mais ça aurait nécessité des réglages à deux endroits : d'abord sur la box de l'autre personne en question, pour qu'elle accepte de laisser passer les messages depuis l'extérieur, puis dans ma configuration DNS, pour indiquer un changement d'adresses IP.

En effet, il y a plus de dix ans, quand j'ai monté ce serveur, je n'étais pas encore membre d'un FAI associatif, et je n'avais jamais entendu parler de VPN. Si une telle chose avait été configurée sur mon serveur, il aurait suffit de le rebrancher au réseau, n'importe où, et ce serait allé. Mais voilà, je n'avais jamais pris la peine de faire cette manip'.

Changer – temporairement – d'adresse IP aurait été assez lourd, j'ai choisi d'attendre qu'on puisse rebrancher. D'où l'indisponibilité de ce blog ces trois dernières semaines.


Bref, la nouvelle Freebox reçue, ma mère a bien sûr tout rebranché. Mais le serveur n'est pas remonté pour autant. En effet, si les Freebox v5 étaient configurées depuis le site de Free, les 4k ont leur configuration interne spécifique. Il fallait donc refaire tous les réglages pour que les messages venus de l'extérieur soient bien envoyés vers mon serveur.

Problème : faire ces réglages nécessite d'être sur le réseau local de cette box. Or je suis présentement à quelques heures de train de chez ma mère, et mon taff' ne me permet pas de faire l'aller-retour comme ça. Ma mère, quant à elle, si elle se débrouille, a moins de facilités que moi, et il y avait pas mal de choses à régler qu'elle n'aurait pas spécialement su faire.

Nous avons donc choisi de changer de tactique. Puisque, mon serveur n'étant pas joignable, il m'était impossible de me connecter directement sur son réseau local, il fallait que ce soit elle qui se connecte à mon ordinateur habituel (celui-ci, pour sa part dûment équipé d'un VPN, est joignable de l'extérieur chaque fois qu'il est connecté).


J'ai donc installé rapidement un serveur SSH sur mon ordinateur, ait expliqué rapidement à ma mère par téléphone la démarche à suivre pour qu'elle en installe un sur le sien et se connecte au mien, et j'ai pu utiliser ce lien pour me connecter à mon tour. J'avais désormais accès au réseau local, et donc, à l'interface d'administration de la Freebox.

Et là, une nouvelle mauvaise surprise nous attendait : aucune trace d'une quelconque tentative du serveur de s'y connecter. En regardant plus attentivement, la DEL du câble ethernet ne s'allumait pas : la carte réseau de mon serveur était visiblement morte. Alors que le reste de la machine était bien vivante. Peut-être la surtension ayant grillé la Freebox s'était-elle propagée par le câble ethernet…


Il a donc fallu improviser. Ma mère a profité d'avoir des courses à faire pour acheter une carte réseau USB. En la branchant, la bonne DEL s'est bien allumée, ce qui était bon signe. Mais mon serveur, lui, était toujours injoignable.

En effet, étant donné que je n'ai pas eu le temps de faire de l'admin-sys depuis un certain temps, mon serveur a encore quelques réglages antédiluviens. Notamment, il était configuré pour utiliser sa carte réseau interne, point. Il n'allait pas se mettre spontanément à utiliser la nouvelle.


Il fallait donc accéder au serveur lui-même, pour changer ses réglages. Ce qui n'était pas possible par le réseau. Et même physiquement, il faut deux mots de passe différents, complexes à taper, pour accéder aux droits root, dans un environnement sans aucune interface graphique : ma mère se débrouille, certes, mais pas à ce point. D'autant que cet ordinateur est un vieux portable (d'où la batterie), mais sans clavier (son ancien propriétaire avait eu la bonne idée d'essayer [Ne faites pas ça chez vous !] de le nettoyer à l'acétone, raison pour laquelle j'ai pu le récupérer et en faire un serveur).


Mais nous n'allions pas nous laisser faire si près du but. En fouillant, ma mère a retrouvé un clavier USB, et deux LiveCDs d'Ubuntu 16.04, l'un avec Mate, l'autre avec Unity. Après lui avoir expliqué par téléphone comment changer les réglages du BIOS pour démarrer sur ce CD (option que j'avais dû désactiver après l'installation de Debian à l'époque), elle a pu tenter de démarrer sur le premier d'entre eux… et l'ordinateur s'est éteint en cours de démarrage sans raison apparente.

Le second, en revanche, a mieux marché. Même s'il a fallu plus d'une demi-heure, montre en main, entre le moment où elle a appuyé sur le bouton d'allumage et celui où elle a effectivement eu la main sur la machine.


De là, j'ai pu lui expliquer par téléphone comment monter la partition racine du serveur, ouvrir un terminal dans le répertoire /etc/network, et éditer le fichier interfaces, en root, avec nano. Nous n'avions pas de certitude sur l'identifiant de la nouvelle carte réseau, mais puisque la carte interne était « eth0 » et que ce n'était pas le même nom, nous avons tenté « eth1 ». Redémarrage. Ça a fonctionné.

Il a fallu quelques petits réglages supplémentaires (si j'ai toujours l'IPv4 que Free a la décence de m'avoir laissé inchangée pendant plus de dix ans, j'ai en revanche manifestement changé de bloc IPv6, ce qu'il a fallu signaler au DNS pour que mon serveur reste accessible autrement que par des technos obsolètes), mais ça y est, le serveur est remonté, trois semaines plus tard, mais sans trop de changements.


C'était sans doute le dépannage à la fois le plus pénible et le plus épique que j'ai fait jusque là, et j'espère sincèrement que ça le restera un moment. J'ai encore énormément d'admin-sys à faire sur cette machine, maintenant qu'elle est remontée, mais le peu de motivation que j'avais pour ça a pour l'instant fondu. On verra quand j'aurai accès, physiquement, à la machine.

D'ici-là, je tiens à dire que ma mère est une héroïne.

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