Nuit blanche (Yann & Neuray)

J’ai en main l’édition intégrale de cette série. Les cinq albums sont en un volume de 236 pages dans un format de plus petite taille. Il faut bien reconnaître que cela donne une consistance, une densité à l’ensemble — tant dans l’aspect matériel et la tenue en main que du côté cases plus “concentrées” dans ce format réduit — que je n’aurais sans doute pas ressentie si j’avais lu les albums séparemment et en grand format. J’ai cependant relevé un petit défaut à ce format : avec la réduction de la taille des planche, ce sont également les textes qui sont réduits au point de me fatiguer par moment les yeux que j’ai pourtant bon. Mais au-delà de détail, je trouve que ce volume assez réussi en l’état, et aussi plus pratique à manier qu’un album de 32 cm de hauteur, surtout pour moi qui lit souvent dans les transport en commun — allez donc sortir votre album grand format en heure de pointe, bonjour l’acrobatie à la sortie du sac, à la lecture, et au retour dans le sac au moment de devoir se dépêcher de sortir du train parce que vous étiez plongé dans votre lecture et n’avez pas fait attention au fait que vous entriez en gare…

Enfin bref, revenons-en à nos moutons, cette série Nuit blanche. Pour cette intégrale, les auteurs ont souhaité que le premier épisode soit placé à la fin, il est vrai qu’on y retrouve le héros en fin de vie et que cela rentre mieux dans la continuité. On débarque donc en pleine Russie révolutionnaire, alors que les rouges sont sur le point de fusiller le tsar et sa famille, à la rencontre d’un jeune officier blanc qui combat pour le maintien du régime tsariste. Les péripéties, pour ne pas dire l’épopée, de cet officier lui font traverser une Russie prise dans la tourmente révolutionnaire où il ne fait pas bon être blanc, jusqu’à parvenir à Vladivostok, dernier bastion où peuvent se réfugier les partisans de l’ancien régime. L’on suit également le destin d’une chanteuse, le Rossignol de Koursk, dont l’amour pour notre officier a pour concurente la loyauté de l’officier à son tsar. Les trois chapitres (c’est à dire albums dans l’édition originale) qui couvrent cette époque se lisent comme un roman russe avec lesquels ils partagent une certaine puissance narrative. Suivent alors deux autres chapitres, deux autres époques, l’une à Shanghaï, l’autre à Paris, de la vie de notre officer qui a fini par quitter la Russie. Si l’on a eu affaire à du bon roman russe jusque là, on tombe maintenant dans le simple polar français, exotique d’abord, d’espionnage parisien ensuite. Ça a quelque chose de décevant, il faut bien le dire. Mais si donc l’ensemble semble un peu s’achever sur une queue de poisson, la “trilogie russe” à elle seule vaut la peine de la lecture, et l’on satisfera sa curiosité avec les deux derniers volumes pour savoir ce qu’il advient de l’officier… Mais on peut aussi se demander si parfois, il ne serait pas mieux de laisser un héros vivre librement sa vie après en avoir partagé récit plutôt que de chercher à la mettre sur papier.


YANN & Olivier NEURAY : Nuit blanche. Grenoble : Glénat, 2009 (coll. Les Intégrales). ISBN 978-2-7234-6792-6.

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